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MÉDECINE & ESPÉRANCE DE VIE : ça n’a rien à voir !
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MÉDECINE & ESPÉRANCE DE VIE : ça n’a rien à voir !

Rédigé par Yves rasir

« Si on vit plus longtemps, c’est quand même grâce à la médecine moderne ». Au hit-parade des lieux communs et des idées reçues, cette ritournelle indétrônable occupe la première place depuis des lustres ! On peut la lire et l’entendre un peu partout, même sous la plume ou dans la bouche de personnes pourtant critiques envers l’allopathie. Selon cette rengaine, l’allongement de l’espérance de vie enregistré depuis deux siècles serait principalement imputable aux progrès médicaux. C’est aux innovations et aux grandes victoires médicales que l’espèce humaine devrait l’augmentation de sa longévité. Rien n’est cependant plus faux ! Il n’y a absolument aucun rapport, ou alors un rapport infiniment mince, entre la durée de vie moyenne d’une population et les prétendues avancées thérapeutiques dont elle bénéficie. Dans ce dossier, nous allons confronter la légende aux faits et montrer qu’il n’y a pas de lien de causalité entre l’évolution de la médicalisation et l’élévation de l’espérance de vie. Au contraire, il y a de bonnes raisons de penser que « l’art de guérir » avance généralement l’heure de mourir et retarde celle de vieillir en bonne santé. L’illusion du lien entre médecine et longévité est entretenue par la manipulation des chiffres et l’occultation des vrais motifs pour lesquels l’âge de décès est en recul.

En septembre dernier, tous les médias ont fait leurs choux gras d’une étonnante étude effectuée à l’Université d’Essex et qui révèle que les Européens ont grandi de 11 cm en moyenne en 100 ans ! En analysant la taille des jeunes adultes nés entre 1870 et 1980 dans quinze pays d’Europe, les chercheurs britanniques ont en effet découvert qu’elle était passée en moyenne de 1,67 m à 1,78 m. Ce qui est amusant, c’est que ces mêmes médias ont mis en exergue, parmi les nombreuses raisons évoquées pour expliquer cette augmentation, celle des « progrès de la médecine ». Mais qu’est-ce que ceux-ci viennent faire là-dedans ? Comment peut-on affirmer que les soins médicaux ont à voir avec ce gain taille ? En quoi la médicalisation de la société est-elle responsable du grandissement des individus ? Restons sérieux : si elle existe, cette relation causale est certainement très marginale. Bien sûr, une longue et grave maladie peut enrayer la croissance d’un enfant. Et il est permis de croire que le meilleur accès aux structures hospitalières a pu, de temps en temps, en sauver un du dépérissement. Mais encore faudrait-il identifier le traitement salutaire ! Prenons par exemple le rachitisme : cette maladie infantile autrefois très répandue est due à une carence en calcium, en magnésium et, surtout, en vitamine D. C’est l’interdiction du travail des enfants dans la mine, la prescription d’huile de foie de morue, l’arrivée massive de produits laitiers et l’amélioration globale de l’alimentation qui a permis l’éradication du fléau, et pas un quelconque progrès médical ! En fait, la courbe de la taille des Européens épouse parfaitement celle du progrès social en général, et celle de la consommation de denrées animales en particulier. Si les Scandinaves et les Néerlandais sont les plus grands du continent, ils le doivent à leur amour des laitages , dont on sait très bien que les protéines et les hormones, à défaut de renforcer les os, favorisent leur poussée en longueur. Mais ceux qui ont grandi le plus vite en un siècle (de 12 cm en moyenne), ce sont les Espagnols. Comme quoi, la paëlla et le soleil, c’est encore plus efficace que le lait de vache.

Non, on ne vit pas beaucoup plus vieux qu’avant !

En tout cas, c’est pur fantasme d’attribuer à la médecine un rôle majeur dans le rehaussement des toises. Et si nous avons commencé ce dossier par cette réflexion de bon sens, c’est parce qu’on peut facilement arriver aux mêmes conclusions en remplaçant « croissance » par « espérance de vie ». Ce qui est vrai pour la taille du corps est tout aussi vrai pour sa durabilité. Sauf qu’ici, la désinformation repose sur une véritable mystification, celle qui consiste à nous faire croire que nous vivons aujourd’hui beaucoup plus vieux que jadis. En fait, les chiffres de l’espérance de vie sont complètement faussés parce qu’on calcule cette dernière à la naissance. Ce faisant, on escamote complètement l’impact très important de la mortalité néonatale et infantile. « En 1909, peut-on lire par exemple sur le site capital.fr, l’espérance de vie de l’humanité était en moyenne de 33 ans. Un siècle plus tard, elle atteint 67 ans. Principale raison : les fantastiques progrès de la médecine ». Ce genre de raccourci est doublement stupide parce qu’il insinue que nous avons gagné une vie en un siècle et que le chemin entre le berceau et la tombe a été multiplié par deux grâce à l’homme blanc et à ses inventions médicales. Or ce n’est pas parce que l’espérance de vie à la naissance était de 33 ans au siècle dernier que les gens ne vivaient que 33 ans ! Le seul véritable progrès qui permet d’ éclairer cette présentation tronquée, c’est la chute de la mortalité des mamans lors des accouchements et celle des enfants pendant leur première année de vie. La mortalité infantile mondiale a encore été divisée par 2 en l’espace de 20 ans. Selon les statistiques de l’Unicef, le nombre de décès de nourrissons est passé de 12,6 à 6,6 millions entre 1990 et 2012. Petite illustration de l’impact : en République démocratique du Congo, les hommes ont une espérance de vie à la naissance de 47 ans. Chez les voisins du Congo Brazzaville, elle est de 53 ans. Pour comprendre cet écart de 6 ans, il suffit de comparer le quotient de mortalité « infanto-juvénile » qui est de 168 pour 1 000 dans l’ex-Zaïre et de 99 pour 1 000 dans l’autre Congo. En Occident, si l’espérance de vie à la naissance est passée de 33 ans en 1800 à 47 ans en 1900 et à 79 ans en 2000, c’est exactement pour la même raison, à savoir le recul des décès précoces et le mode de calcul qui le dissimule. Si on déplace le curseur, la réalité chiffrée est très différente. Depuis 1980, les Français ont gagné six ans d’espérance à la naissance, mais seulement trois à 60 ans. Selon les chiffres du CDC américain, l’espérance de vie à l’âge de 20 ans est seulement passée de 62 ans en 1900 à 71 ans en 1950 et à 78 ans en 2002. Autrement dit, on ne vit pas beaucoup plus vieux qu’avant, mais on meurt beaucoup moins jeune. Nuance !

Article complet disponible ici.

Notes

(1) Citation du virologue Peter Duesberg, professeur de biologie moléculaire à l’Université de Berkeley, disant ceci « les scientifiques et les médecins s’attribuent la gloire d’une évolution qui est due en réalité aux plombiers et aux paysans ! C’est grâce à eux que s’est développée une meilleure hygiène de vie et que l’on a pu avoir une meilleure nourriture. Avec une bonne nutrition, vous vous assurez un bon système immunitaire et vous n’êtes pas la proie des maladies ». Citation reprise par Sylvie Simon dans son livre « Les 10 plus gros mensonges sur les vaccins » (Editions Dangles)

(2) Vous pouvez lire de larges extraits du livre Nemesis médicale de l'écologiste Ivan Illich sur http://lesperancedevie.sos- blog.fr

(3) Au XVIe et XVIIIe siècle, malgré guerres, épidémies et famines, « un adulte sur deux approchait la soixantaine et une fraction importante la dépassait » (3) Extrait du livre de Claude Masset, « À quel âge mouraient nos ancêtres ? » Revue Populations et Sociétés, juin 2002.

(4) Une étude scientifique de 2007 qui montre que l’espérance de vie dans les peuplades de chasseurs-cueilleurs est identique à celle d'un français en 1990. Etude de Michael Gurven & Hillard Kaplan, « Longevity among hunter-gatherers : a cross-cultural examination». Population and Development Review 33(2) : 321–365 (june 2007)

(5) Référence au livre de Claude Aubert «Espérance de vie, la fin des illusions» aux Editions Terre vivante

(6) Etude Public Library of Medecine, jan. 2008, citée dans Le Figaro du 9 janvier 2008 qui conclut que « le mode de vie idéal » (absence de tabac, consommation d’al- cool égale ou inférieure à un demi-verre par jour, consommation de 5 fruits et légumes par jour, exercice physique d’une demi-heure par jour ) majore l’espérance de vie de 14 ans (!) par rapport au cumul des quatre facteurs de risque.

(7) «Secrets des peuples sans cancer », Titre d’un livre du Dr Jean-Pierre Willem, (Editions Albin Michel)

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